dimanche 30 décembre 2007

Entretient avec Mikhail Gorbatchev

Plusieurs d'entre vous êtes conscients qu'il m'arrive fréquemment de rêvasser tranquillement, épars, sur un sofa. Sur ma Côte-Nord chérie, mes lectures, après l'interminable Vicompte de Bragelonne, m'ont amenées à considérer interviewer le camarade Gorbatchev. Mon talent en interprétation du russe étant franchement limité par le fait que je ne connais pas du tout la langue rendrait certainement cette entretient difficile, mais essayons d'imaginer le résultat:


Moi – Monsieur Gorbatchev, bonjour. J'aimerais tout d'abord vous remercier de votre présence aujourd'hui. Ne croyant ni au Père Noël, ni aux politiques étrangères de Bush, je ne savais plus à quel saint me vouer. Cependant, j'aimerais voir quelques changements dans le monde et condamner les actions violentes qui empêchent le monde de progresser. Comment voyez-vous l'avenir d'ici 5 à 10 ans?


Gorby – (pour le bénéfice du lecteur, je vais interpréter ses réponses dans la langue de Molière). Les États-Unis ont une fois de plus prouvé leur ingérence internationale. J'ai volontairement fait retirer les troupes soviétiques d'Afghanistan durant mon mandat de président de l'URSS et voilà Bush qui continue de démolir ce qu'il restait de civilisation. Notez également que l'Irak en a pris pour son rhume... imaginez-vous donc que ces irakiens avaient caché des armes de destruction massive. Le tyran Saddam Hussein a été abattu, comme le pays en entier. C'est les dirigeants de grandes entreprises américaines qui rient dans leurs barbes: le gouvernement a trouvé un moyen comme un autre de stimuler l'économie. Jamais je n'aurais tolérer pareille situation lorsque j'étais président de l'URSS.


Moi – Comment feriez-vous alors pour éviter la récession de l'économie américaine tout en faisant la promotion de la paix?


Gorby – Il faudrait changer bien des choses aux États-Unis, une certaine nationalisation des compagnies d'électricité serait louable. Il faudrait en outre changer ses vieilles centrales désuettes qui fonctionnent au charbon par des installations qui utilisent les énergies renouvelables. À mon avis, si les États-Unis ratifiaient le protocole de Kyoto (la première phase), il y aurait assez de travail à l'intérieur du pays pour stimuler l'économie des 25 prochaines années. On pourrait, dans ce contexte, utiliser des plans quinquennaux. L'énorme montant alloué par l'État pour les frais des militaires devraient être partiellement réinvesti pour l'environnement, ce serait un beau cadeau à faire à la planète. Qu'ils commencent par rapatrier leurs troupes et nettoyer les dégâts de Katrina.


Moi – Pour ce qui est de la Russie, le président Poutine (notez ici M. Gorbatchev qu'il est quand même amusant de constater que ce mot est, en québécois, un plat composé de frites, de sauce brune et de fromage) ne semble pas respecter le fait qu'il existe d'autres partis que le sien et M. Loukachenko en Biélorussie ne semble pas comprendre que l'ère stalinienne est définitivement morte et enterrée, à l'exception de la Corée de Nord. Nous pourrions également aborder les questions concernant l'élection de Iouchtchenko en Ukraine et la corruption toujours présente dans ce pays. Comment vous sentez-vous dans ce monde post-soviétique?


Gorby – Comme quelqu'un qui n'a pas eu la chance de finir son mandat et d'apporter toutes les réformes nécessaires pour que l'écrasante victoire du socialiste triomphe à jamais des ennemis de la démocratie.


Moi – Je crois que vous vous emportez un peu.


Gorby – Excusez-moi, je me croyais sur ma tribune de la place Rouge. En réalité, ce que je voulais dire, c'est que l'éclatement de l'empire soviétique est arrivé trop tôt: vous n'avez qu'à regarder autour de vous, les exemples ne manquent pas pour illustrer que la libéralisation de l'économie a été un peu trop rapide. Dans les années qui allaient suivre, si l'URSS continuait d'exister et que j'étais toujours à sa tête, j'aurais continuer les réformes démocratiques. Pour ce qui est des Loukachenko et Iouchtchenko de ce monde, je les aurais plus vu comme homme de main de Brejnev... que voulez-vous, quand vous n'avez jamais connu la démocratie, on voit des atrocités comme celles-là. Il est a noté que les anomalies référendaires ne sont pas exclusives aux anciennes républiques de l'URSS, comme la situation de Bush le prouve. Pour ce qui est de votre allusion à la Corée du Nord, cela me ramène à une autre époque de ma vie, que je croyais (enfin) disparue. En ce qui concerne l'actuel président de la Russie, je crois que votre poutine pourrait avantageusement remplacer notre Poutine.


Moi - Croyez-vous que la situation est similaire dans les pays de l'Europe de l'Est?


Gorby – La situation de ces pays est très différentes. Prenez l'exemple de Havel en Tchécoslovaquie ou de Welasa avec Solidarité en Pologne, ou même la chute du mur de Berlin, ce sont tous des situations différentes et des problématiques différentes. Il ne faut pas oublier que ces républiques étaient très pauvres et que les conditions de vie y étaient souvent infernales. De plus, il est difficile de réhabiliter l'économie primaire à cause de la pollution des cours d'eau et de l'acidification des milieux arables.


Moi – Sur ce dernier propos, qui est responsable de cette situation?


Gorby – Le régime communiste est clairement à blâmer dans cette situation, mais les régimes lui ayant succédé doivent également faire place à la solution. Ils devraient souscrire à la croix verte internationale.


Moi – D'accord, je vois là mes lecteurs harassés par cette longue lecture, alors une dernière question: pourquoi avez-vous accepté de jouer dans une annonce de Pizza-Hut?


Gorby – Parce que j'aime la pizza et que pendant la guerre froide, ils refusaient de faire des livraisons à Moscou, étant donné que c'était dur de passer le rideau de fer primo et secundo, parce qu'il y avait plusieurs milliers de kilomètres à parcourir et qu'ils ne pourraient jamais livrer en-dedans d'une heure.


Moi – Merci de votre temps M. Gorbatchev.

lundi 10 décembre 2007

Ma vie en suspend

Pour le moment, il n'y a aucune de mes routines qui n'est pas sabordées: les livres s'amoncellent sur mon bureau, des feuilles d'école jonchent le tapis de ma chambre et mon lit est souvent remplit de vêtements propres qui attendent d'être accrochés. Mes écrits n'ont pas été actualisés depuis des siècles, ma pile de romans à livre ne diminue plus du tout et plusieurs de mes amis sont surpris de me savoir en vie, après des semaines de silence. Quant à la myriade de courriel que je reçois, j'avoue bien humblement ne les lire qu'à moitié.


Que fais-je? Je n'en sais trop rien moi-même, je dévale dans le temps, je coure toujours, d'un bout à l'autre de ma vie, ramassant à l'occasion quelques bourrasques d'un moment de repos où la course folle s'arrête et devient une marche rapide. À bout de souffle, je tente de colmater les temps morts entre mon emploi, mes fonctions scolaires, mon stage, mes études et mon temps de sport. La fatigue s'empare de moi et me noie dans un marasme grisâtre, mais heureusement quelques flocons de neige m'inspirent des rêveries qui me font fabuler, histoire de s'échapper un peu du monde morose.


Malgré tout ce chaos, je chemine encore vers les lieux de gaité, là où il fait bon vivre, pour aller me ressourcer, à l'aube du dernier jalon avant les examens. J'ai tant envie de me retrouver sur la terre de Caïn, là où tout est hostile à l'homme, mais où mon coeur réside à jamais. Ah, la Côte-Nord! J'ai hâte de respirer l'air frais et salin du bord du fleuve St-Laurent, de skier sur la neige poudreuse, qui se répand au gré de ses fantaisies.


Un dernier petit effort!